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Cultiver l’empathie à l’école
― Christophe Jubien et l'équipe de Points de Vue
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Cultiver l’empathie à l’école

 

 

POINTS DE VUE, l’émission de Radio Grand Ciel  qui donne du grain à moudre à vos petites cellules grises et des raisons d’espérer au petit cœur qui bat dans votre poitrine

 

L’invité : Bertrand Jarry, formateur académique en éducation prioritaire et conseiller principal d’éducation

 

 

Ecoutez le podcast (1h30)

 

Bertrand Jarry participe activement à la diffusion et la mise en œuvre d’une éducation à l’empathie – par le corps

 

Une éducation à l’empathie par le corps

 

Cette émission de rentrée aura du reste cette double ambition puisque elle vous propose de réfléchir sur l’empathie mise au service de l’acte éducatif via le corps. Pour cela nos trois mousquetaires de Points de vue, j’ai nommé Olivier Lhostis, libraire et psychanalyste, Dominique Desmichelles médecin généraliste  et psychanalyste et Gabriel Sebban, psychosociologue, ont choisi d’inviter Bertrand Jarry, formateur académique en éducation prioritaire et conseiller principal d’éducation. Bertrand Jarry participe activement à la diffusion et la mise en œuvre d’une éducation à l’empathie – par le corps – au sein des établissements scolaires. Il est aussi le co-auteur avec Omar Zanna d’un ouvrage paru chez Dunod et intitulé «  Cultiver l’empathie à l’école ».

 

Apprendre n’est pas qu’une question de cerveau et d’apprentissage ; cela dépend aussi du corps

 

Autour des apprentissages : le corps

 

Rentrée scolaire oblige, nous voici ce soir avec un sujet d’actualité : comment apprendre ? Car apprendre est une drôle d’affaire. Cela prend de nos jours souvent quasi 20 à 25 ans (un tiers de la vie ?). Tant le savoir et le rapport au savoir ont changé.

L’érudit Montaigne avait 1000 ouvrages dans son exceptionnelle bibliothèque ; Diderot et D’Alembert dans leur Encyclopédie proposaient 72 000 entrées, Wikipédia fonctionne grâce à 100 000 collaborateurs avec environ 30 millions d’articles le plus souvent très élaborés. Nietzsche disait que si nous pouvions discuter avec un Grec du temps du Grand Siècle, nous le trouverions probablement inculte tandis que lui nous qualifierait d’encyclopédie sur pattes. Big Data, c’est 29 000 gigaoctets d’informations publiées dans le monde, chaque… seconde !
Alors, chers auditeurs, pour apprendre, que choisissez-vous d’habitude dans votre quotidien ?

  • Le tuto ? un tutoriel très aristotélicien où il faut reproduire les bons gestes : là, c’est par le corps, l’expérience, l’habitude que l’on apprend ; Aristote prônait la mimésis, l’imitation ! Le savoir du géomètre ne suffit pas disait-il, il faut le tour de main de l’artisan. L’IA n’a pas (encore !) de corps.
  • L’appli ? plus stoïcienne où l’on répète à l’envi, mais elle fait souvent à notre place, n’est-ce pas ?
  • Le coaching très tendance où le prof discute, dialogue, accompagne et nous met en situation ?
  • Le wwoofing avec son séjour dans une ferme bio pour tout savoir sur la permaculture, s’initier in situ, tel Rousseau dans l’Emile (1762) : « ne donnez à votre élève aucune espèce de leçon verbale, il n’en doit recevoir que de l’expérience » ?
  • L’atelier collaboratif, les recycleries avec un travail manuel, tel Matthew Crawford qui lâche sa carrière après ses études de physique et de philo et ouvre un atelier de réparation de motos : on travaille, on ne bavarde pas ; moi, je suis toujours tellement content quand j’ai réussi à réparer sans faire appel au dépanneur (parfois avec un tuto !) ; cela vous tente ?
  • La méditation peut-être : le japonais Kitarö Nishida propose l’expérience du vide et le zazen ?

 

Learning by doing

 

Un petit mot autour de John Dewey pour faire la transition avec notre invité qui a bien fréquenté son œuvre. La devise de cet américain de Chicago, c’est : « Learning by doing » : on apprend en faisant. Il s’oppose surtout à la séparation des savoirs et des pratiques ; c’est un pragmatique. Laissant de côté les « documents », il parie sur les activités : c’est dans l’activité que les savoirs se mobilisent. Rousseau disait qu’il faut apprendre à l’enfant à faire du pain, à survivre sur une île déserte. Dewey ne sépare pas la nature et la culture, son projet est collectif et social. Il invite à chercher, à enquêter, pour apprendre, c’est-à-dire pour se préparer à être libre. Car, souvent, le système scolaire n’apprend guère à réfléchir mais bien plutôt à répéter : il faut faire ce que les enseignants attendent. Pourtant l’enfant est capable d’abstraction, de représentations globales. Poincaré précisait : « Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes qui, l’une comme l’autre, nous dispensent de réfléchir ».

 

Et puis, apprendre, c’est quoi ? Condorcet soutenait que l’Etat, à travers l’ordre public, devait uniquement instruire, c’est-à-dire enseigner des « vérités de fait », c’est-à-dire ne jamais éduquer : pas question de se prononcer sur la vie bonne ou sur les valeurs. Mais il existe de nos jours des cours de morale et d’instruction civique à l’école. Mais ce n’est pas le sujet de ce soir ! Même si nous devons garder à l’esprit la vastitude du sujet !

Ce soir, nous allons voir combien apprendre, ce n’est pas qu’une question de cerveau et d’apprentissage ; cela dépend du corps, du sommeil, du contexte social et de plein d’autres choses. Mais d’abord du corps.

 

Une émission enregistrée en public à l’Esperluete à Chartres


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