Saint Luc dit de lui après la Visitation : « l’enfant croissait et se fortifiait en esprit et il demeura dans le désert jusqu’au jour de sa manifestation devant Israël. » Il y aura donc dans sa vie, une longue période au désert, c’est-à-dire dans le silence de tout ce qui n’est pas Dieu.
Mais Jean-Baptiste n’est l’homme du désert que parce qu’il est l’homme de la joie spirituelle. Dans l’oraison de la fête de st Jean-Baptiste, on lui demande la grâce des joies spirituelles, c’est en effet sa grâce propre. Il est le Saint le plus jubilant de l’Ecriture. Il se sauve dans le désert pour que rien ne le détourne de cette joie, pour y être tout entier consacré, pour se rappeler toujours cette rencontre tellement joyeuse d’Elisabeth et de Marie avant sa naissance et pour attendre la seconde rencontre, celle du baptême, se réservant pour cette unique joie. Ce qu’il y a de frappant, c’est qu’il y a chez lui à la fois, un grand esprit de pénitence et en même temps cette jubilation intérieure.
Ainsi Jean-Baptiste est celui qui annonce la venue de l’Epoux, un des autres noms de « Celui qui doit venir ». C’est un appel à la joie parce que l’heure est venue de ces noces de l’humanité avec le Verbe de Dieu, noces longtemps attendues, accomplies dans l’Incarnation et achevées dans la Passion et la Résurrection. Et Jean est ici l’ami de l’Epoux, ravi de joie d’entendre Sa Voix. Il a senti la Sainteté de Dieu et par conséquent, il a un sens très grand du péché. Il est l’homme de la grande purification. Mais en même temps, il est l’homme de la grande joie, de l’extrême douceur. Au moment où le Verbe vient s’unir à l’Humanité, il faut que celle-ci sente combien elle a besoin d’être purifiée par le feu de l’Esprit pour être rendue digne de ses noces !
Et Jean-Baptiste a la joie de voir que son témoignage est entendu : ceux qui ont d’abord été ses disciples, Jean, Pierre, Jacques reconnaissent Jésus quand il passe. Or, ceci est toute la joie de Jean, voir l’épouse qui rencontre l’époux. Il ne désire que cela. Puis se produit alors quelque chose de mystérieux et d’émouvant dans sa vie : une fois qu’il a servi, il retombe dans l’obscurité. « Il faut que Lui croisse et que moi je diminue… » Il n’a même pas la joie d’être l’un des disciples. Il s’efface, disparaît. Dans sa prison, il vivra nmême l’épreuve du doute par laquelle Dieu fait passer ses meilleurs amis : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » fait-il demander par ses disciples. (Mt 11, 3)