3, Foi chemin de liberté
La pécheresse en dette d’amour
― Sœur Michèle Marchant
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Semaine 22

La pécheresse en dette d’amour

C’est notre temps habituel de prière, cette fois-ci avec La pécheresse en dette d’amour. Je remercie Pierre-Henri Legrand qui prête souvent sa voix pour la lecture de l’évangile.

Ecoutez le podcast (15 min)

 

Michelangelo Merisi da CARAVAGGIO - Madeleine pénitentecirca 1606, Huile sur toile

Michelangelo Merisi da CARAVAGGIO – Madeleine pénitente
circa 1606

Un seul geste, deux manières de parler, trois regards qui se croisent

La scène se passe dans la maison du pharisien Simon, qui avait invité Jésus chez lui. Jésus entre et se met à table. Et voici qu’une femme, une pécheresse de la ville, ayant appris qu’il était chez Simon, apporte un vase de parfum. Se plaçant tout en pleurs derrière le lit où Jésus se trouvait étendu selon l’usage des repas solennels, elle se met à lui arroser les pieds de ses larmes. Elle les essuyait de ses cheveux, les couvrait de baisers et les oignait de parfum.

La mise en scène est parfaite : l’irruption insolite de cette femme qui ne dit rien, mais s’exprime par ses gestes, Simon qui se parle à lui-même, et Jésus qui prend la parole à son tour pour révéler ce qui se passe. Un seul geste, deux manières de parler, trois regards qui se croisent, si différents.

Aller jusqu’au bout de l’amour

Cette femme, toute la ville la connait. C’est une pécheresse. A son passage, les yeux s’allument de convoitise ou se détournent de mépris. On ne la regarde que pour la désirer ou pour la condamner : Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, » se dit Simon en lui-même. N’est-il pas vrai que ses gestes, manifestement audacieux, voire ambigus, prêtent aux interprétations ? Simon a choisi la pire. Mais Jésus voit autrement. Comme l’a écrit le Père Jacques Guillet au sujet de la chasteté de Jésus : « Il la regarde mettre à ses pieds tout ce qu’elle utilisait si bien pour séduire, ses larmes, ses cheveux, son parfum. A ce geste si profondément féminin, le Christ est lui-même profondément sensible et ne cache ni son émotion, ni son admiration, mais il en livre aussitôt le secret miraculeux de pureté. Il n’y a plus ici de femme séductrice, ni d’homme triomphant. Il y a un cœur perdu qui, d’un seul coup, a su aller jusqu’au bout de l’amour, et un cœur assez chaste pour avoir su le reconnaitre, l’atteindre et le libérer. »

Lequel des deux l’aimera davantage ?

Le secret de ce geste, Jésus le révèle à Simon par une parabole : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. » Une parabole qui, apparemment à distance de l’évènement, va permettre à Simon de raisonner juste. « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser, il en fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’aimera davantage ? »
Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. »

Ce que Jésus révèle à Simon, c’est la secrète suffisance d’une conscience qui n’a de comptes à rendre à personne. Le pire des maux, disait Péguy, c’est une âme habituée, qui ne mouille pas à la grâce, et moins encore à la gratitude. Et voici ce que dit Péguy : « Les pires détresses, les pires bassesses, les turpitudes et les crimes, le péché même sont souvent des défauts dans l’armure de l’homme, les défauts de la cuirasse de la dureté de l’homme. Mais sur cette inorganique cuirasse de l’habitude tout glisse et tout glaive est émoussé. »

Cette femme au cœur perdu manquait de tout, et d’abord d’amitié vraie, de dignité et de considération. Et dans le regard de Jésus, elle a croisé l’amour de Dieu. Telle est la grâce du Christ, tel est le pouvoir de son regard, d’atteindre ce point secret, caché au fond de l’âme, ce point demeuré intact et vierge, à partir duquel tout peut recommencer. Dès lors, elle ne fait plus le compte de ses fautes, mais seulement le compte de ses dettes, devenues par la grâce du Christ des dettes d’amour.

Prier avec l’évangile

Je prends le temps de souffler et de m’installer afin de me préparer à cette rencontre avec le Seigneur. Je choisis si possible un lieu calme, je m’y rends pour ma rencontre d’amour avec le Seigneur. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit…
J’imagine la scène : En fin de journée, c’est le moment du repas en l’honneur de Jésus chez Simon, un riche pharisien. La table est installée et les lits autour pour les invités.
Je demande au Seigneur la grâce d’ouvrir mon cœur à son amour pour moi.

Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table.
Survint une femme de la ville, une pécheresse. Ayant appris que Jésus était attablé dans la maison du pharisien, elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.

En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. »
Jésus, prenant la parole, lui dit : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. – Parle, Maître. »

Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser, il en fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’aimera davantage ? »
Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. – Tu as raison », lui dit Jésus.

Il se tourna vers la femme et dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. »

Il dit alors à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. »
Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? »
Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! »


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