Lévi menait bonne vie et aimait joyeuse compagnie. Facilement dépensier, il n’était pas de ce genre d’hommes avares et solitaires qui sont fascinés par l’argent. Il ressemblait plutôt à cet intendant infidèle de la parabole, qui se fait des amis avec l’argent malhonnête. Il savait faire profiter les autres de ses affaires lucratives, et s’était acquis de la sorte une clientèle peu scrupuleuse. Chose facile quand on a acheté la charge de prélever les taxes de douane dans cette localité frontalière de Capharnaüm où le commerce allait bon train.
Et pourtant il n’était pas fier, notre Lévi, pas méprisant. Il ne se flattait pas d’être juste, de jeûner la semaine ou de verser au temple la dîme de ses revenus. Il y avait en lui quelque chose de l’humilité d’un enfant pris en faute.
Et puis, lui aussi, depuis sa jeunesse, attendait la consolation d’Israël, le Messie promis qui viendrait tout remettre en ordre. Et ce qu’on disait de Jésus dans la ville l’intriguait profondément. Il aurait bien voulu, comme Simon et André, ses compatriotes, être appelé. Mais personne ne faisait appel à ses services. Il n’osait approcher Jésus, lui l’exclu. Et voici qu’un jour, le doigt de Jésus a pointé vers lui. « Suis-moi ! » Et le cœur de Lévi avait bondi : « Quittant tout et se levant, il le suivit. » D’un regard, d’un mot, Jésus avait rejoint son désir, le meilleur de lui-même, l’extraordinaire possible qui sommeillait en lui. Il offrit à Jésus un festin : il y invita les disciples et toutes ses connaissances. Si bien qu’il y avait beaucoup de publicains, ces gens que leur métier rendait impurs et écartait du culte.
Jésus vit, en passant, un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de collecteur d’impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit.
Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples.
Voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? »
Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades.
Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »