L’invité : Michel Galiana-Mingot
Les sciences dites exactes, votre boussole, sont en effet les plus puissants des imaginaires pour comprendre et agir sur le monde, c’est certain, mais elles sont des imaginaires, des représentations. Ce qu’elles disent est toujours, à un moment, frappé de caducité, complété, voire contredit par leur avancée (la terre n’est pas plate, non non).
Alors, je me suis demandé, mais qui est cet homme ? Galiana, Galiana… ça ne vous dit rien ? Et pourtant… Avec tout ce que vous nous dites de l’espace et du temps, au prix d’un tout petit déplacement de cet espace et de ce temps, que l’on sait relatifs, un peu plus au sud-est, quelques siècles en arrière, ces tout petits siècles à l’échelle de ce dont nous vous parlez, il y a votre presque homonyme, il y a Galilée. Lui aussi a voulu percer les secrets de l’univers, reculer les limites du savoir, faire la lumière sur les lois de la nature. Comme lui, vous renouez avec Copernic et faites de l’homme une anecdote de l’univers. Pire, vous désignez nos ancêtres ailleurs qu’au paradis, avant les singes, pas même chez les poissons ou les bactéries, mais dans la poussière primordiale générée par le big bang. On sait bien, depuis longtemps, qu’on y retournera, à la poussière.
il y a votre presque homonyme, il y a Galilée
Fort heureusement, vous nous laissez entendre que le prochain stade de l’évolution sera artificiel. De créature de Dieu, l’homme émancipé s’élèvera peut-être au même rang parce qu’après tout, nous deviendrons créateurs d’une nouvelle forme d’intelligence, celle des créatures-machines. Souhaitons qu’alors elles continuent de croire en nous le plus longtemps possible.
Quant à moi, j’ai bon espoir. Parce que je me suis à nouveau demandé, mais qui est cet homme ? J’ai trouvé une réponse chez votre préfacier qui vous désigne comme le nouveau guide des égarés. C’est fort, mais on se demande, veut-il par là faire de vous le nouveau Maïmonide qui, en son temps, éclaira les écritures (fin du 12eme siècle, son œuvre majeure s’appelle comme ça : le guide des égarés, ou des perplexes) ? Je suis justement perplexe. Autant peut-être que la brebis que le berger fera son possible pour retrouver.
Texte de présentation : Olivier Lhostis