Au moment de commencer cette nouvelle émission de RGC, il est peut-être intéressant de se poser cette question. La radio porte les mots et sait se passer des images ; elle est cependant invitation à cet imaginaire qui sert de bouillon de culture à notre quotidien.
« Que peuvent ? » De quel pouvoir s’agit-il : pouvoir concret, capacité à produire des effets, invitation à agir, à faire, à transformer, à transmettre quelque chose comme une puissance, une force ? « Les mots ? » Ce sont avant tout des signes arbitraires, conventionnels, écrits ou parlés, mais ils sont porteurs aussi d’un contenu réel ?
Le mot est-il séparable de celui qui le prononce ? De plus, le mot est-il compréhensible sans l’émotion qui accompagne son énoncé ?
Quand on parle, on dit un texte ET une musique : un sens ET une émotion. Le même mot n’a pas le même sens, pas la même puissance, pas le même pouvoir selon celui qui l’énonce, selon le contexte où il est émis. L’humour, lui, triche avec la matérialité première des mots. Et puis, chacun ne met pas le même contenu dans le mot.
Celui-ci ne tient-il alors son pouvoir qu’à partir de celui qui le dit ? Son pouvoir n’est-il là qu’en raison des relations sociales, politiques, économiques qui déterminent des rapports de force entre celui qui parle et celui qui reçoit le mot ?
Nous savons que la violence et le pouvoir abusif peuvent être portés par les mots manipulés par le locuteur ; la désinformation par les mots peut être terrible.