Mar Roger décline sa passion pour les livres en bibliothèques, médiathèques, salons du livre, centres culturels, théâtres, librairies… Passionné par les textes, amoureux de la langue, le lecteur public est un passeur de livres.
Un livre n’existe qu’à l’instant où quelqu’un se décide à l’ouvrir. En dehors de ce temps, il n’est rien qu’un sommeil dont il ne sort qu’au toucher délicat que pose sur lui l’éveilleur.
Il y a l’éveilleur silencieux. Tout se passe dans sa tête. Pour lui seul, il compose une voix qui ne regarde que ses yeux ; et l’auteur, d’aussi loin qu’il se trouve depuis qu’il a écrit ce livre, perçoit cette onde infime que la pupille au centre de l’oeil diffuse par cercles successifs. L’éveilleur silencieux force l’admiration de tous, il donne un sens aux profondeurs par un simple phénomène de surface : la lecture silencieuse. Mais tous ne peuvent accéder au silence éveilleur.
Pour bon nombre, nécessité de son s’impose afin que du sens s’ajoute. Le petit qui ânonne ou l’adulte butant sur un texte difficile a besoin d’expulser mot à mot par dehors l’écriture pour qu’émergent du livre la musique et le sens.
Et point de hiérarchie entre ces deux pratiques. La lecture silencieuse est certes plus rapide, plus efficace, elle va plus vite au sens que la lecture à voix haute, mais doit-on forcément se presser pour goûter aux bonnes choses ?