Debout sur un rocher, un jeune polynésien, beau comme un dieu grec, lance avec force un long trident. Scène suivante, le pêcheur et ses compagnons se rafraîchissent sous une cascade. Apparaît alors une couronne de fleurs blanches portée par le courant. S’en suit une poursuite dans la rivière, des corps enlacés glissant de cascade en cascade, et le coup de foudre entre nos deux héros : le jeune pêcheur Matahi et la belle Reri.
Derrière la caméra, deux légendes du cinéma : Frederich Wilem Murnau, réalisateur de Nosferatus et Robert Flaherty, célèbre documentariste à qui l’on doit Nanuk l’Eskimau. Pour sa dernière réalisation, Murnau a choisi de fuir Hollywood, machine à fabriquer des films et à briser les singularités pour offrir aux spectateurs un cinéma lisse et commerciale.
Nous sommes en 1929. Quelques décennies plus tôt, un autre artiste, Paul Gauguin, prenait lui aussi le chemin de la Polynésie et Tahiti. Que cherchent-ils tous là bas ? Quelque chose que l’Occident a perdu quand il a perdu son innocence ; quelque chose qui préexiste aux civilisations et disparaît avec leur avènement. Est-ce un mythe ? La simplicité, l’ingénuité des origines ? Le bon sauvage plein de vigueur et de candeur ?
En 2006, un producteur allemand, créateur du label Winter & Winter, Stefan Winter et son ami Mariko Takahashi veulent encore croire à l’impossible. Après avoir vu le film de Murnau, ils partent pour Hawaï, avec deux micros, en quête d’un univers disparu depuis longtemps, un univers qui n’existe plus que dans les cœurs et la musique. Ils reviennent avec un carnet voyage sonore Hawaï – under the Rainbow.