Semaine 23
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Nous évoquerons également la question de la valeur du symptôme en tant que signe, avec ses liens possibles avec les symboles. Nous tenterons de savoir s’il est possible d’imaginer un lien corps/âme. Nous n’oublierons pas d’interroger la façon dont nous construisons les liens que nous avons de notre corps. Et nous tenterons de voir comment il est possible de continuer à réfléchir sur cette énigme qu’est le lien entre soma et psyché, entre corps et âme.
Chacun connaît son corps et en sait quelque chose. Car le corps est avant tout une expérience : nous sentons, nous ressentons ce corps qui nous porte. Nous savons qu’il est aussi une énigme dès qu’il devient bavard, non dans le corps de jouissance, mais dans ce corps de souffrance que nous redoutons d’habiter. Surtout lorsque des manifestations inhabituelles surgissent, encore plus quand une maladie sérieuse arrive voire s’installe durablement.
Chacun a aussi l’intuition que les liens entre notre corps et notre âme (ou psyché) sont complexes et tout aussi énigmatiques que chacune des deux parties en questions : les sursauts de notre corps nous sont à la fois familiers et étranges ; les émois de notre âme ne le sont pas moins. Et souvent nous nous demandons quels rapports étranges peuvent bien relier ces deux instances, quelles interactions énigmatiques peut régir leur influence réciproque possible ou probable… ou pourquoi tel ou tel symptôme apparaît, tel ou tel souvenir surgit, telle ou telle émotion nous bouscule.
La distinction que nous éprouvons chaque instant pour la plupart d’entre nous entre soma / psyché est une vieille histoire ; elle est très liée à l’histoire de l’Occident et à son idéalisme consécutif à l’approche grecque ; on ne retrouve pas cette opposition dans d’autres traditions, en particulier métaphysique, comme dans l’hindouisme par exemple. Le dualisme est aussi présent dans le bouddhisme où l’on peut dire que seul le corps disparaît ; l’âme transmigre de corps en corps jusqu’au nirvana au sein duquel tout enveloppe charnelle a disparu.
Au fond, chacun fait « une « expérience singulière de son corps, à partir d’une histoire (personnelle et familiale) et d’une culture (sociale, morale, spirituelle, éthique…) où hérédité et environnement, destin personnel et collectif, objectivité et subjectivité tissent des déterminismes complexes mais subtils et puissants. Est-il possible d’y réfléchir ? Ce n’est pas certain que cela soit aisé tant cette question reste à la fois difficile à circonscrire et tant les réponses ont varié au fil de l’histoire.