Joachim, 10 ans, Noëmie, 10 également et Siloë, 8 ans sont, comme tous les enfants de France, en confinement.
Comme ils ne peuvent pas rendre visite à leur arrière-grand-père en EHPAD, ils ont enregistré pour lui une sélection de poèmes. Héloïse, leur maman, n’est autre que l’ancienne secrétaire administrative de Radio Grand Ciel. Après avoir pris connaissance de notre appel à produire des émissions à distance, elle nous a envoyé ces poèmes que nous avons montés avec la magnifique musique du duo Ballaké Sissoko à la kora et Vincent Ségal au violoncelle.
Merci à Joachim, Noëmie et Siloë et à leurs parents, Héloïse et Matondo.
Extraits musicaux :
Ballaké SISSOKO et Vincent SÉGAL
« Niandou » (extrait de Musique de Nuit – No Format! 2015)
« Histoire de Molly » (extrait de Chamber Music – No Format! 2009)
« Ma-Ma FC » (extrait de Chamber Music – No Format! 2009)
Les poèmes lus par les enfants :
LE CHAT – Maurice Carême (lu par Siloë)
Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.
Voilà pourquoi, le soir
Quand le chat se réveille,
J’aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil.
L’AVION – Lucie Delarue (lu par Joachim)
L’avion, au fond du ciel clair,
Se promène dans les étoiles
Tout comme les barques à voiles
Vont sur la mer.
C’est un moulin des anciens âges
Qui soudain a quitté le sol
A pris son vol.
Les oiseaux ont peur de ses ailes,
Mais les enfants le trouvent beau,
Ce grand cerf-volant sans ficelles
Qui va si haut.
Moi, plus tard, en aéroplane
Plus hardi que les plus hardis,
Je compte bien aller, sans peine
Au paradis.
LA FOURMI – Robert Desnos (lu par Siloë)
Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
Ça n’existe pas ça n’existe pas
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
Ça n’existe pas ça n’existe pas
Une fourmi parlant français
Parlant latin et javanais
Ça n’existe pas ça n’existe pas
Et pourquoi pas ?
LA LIBERTÉ – Jacques Prévost (lu par Noëmie)
La Liberté,
Ce n’est pas partir, c’est revenir,
Et agir,
Ce n’est pas prendre, c’est comprendre,
Et apprendre,
Ce n’est pas savoir, c’est vouloir,
Et pouvoir,
Ce n’est pas gagner, c’est payer,
Et donner,
Ce n’est pas trahir, c’est réunir,
Et accueillir.
La Liberté,
Ce n’est pas s’incliner, c’est refuser,
Et remercier,
Ce pas un cadeau, c’est un flambeau,
Et un fardeau,
Ce n’est pas la faiblesse, c’est la sagesse,
Et la noblesse,
Ce n’est pas un avoir, c’est un devoir,
Et un espoir,
Ce n’est pas discourir, c’est obtenir,
Et maintenir.
Ce n’est pas facile,
C’est si fragile,
La Liberté.
L’AUTOMNE – Pierre Coran (lu par Noëmie)
Quand les bois ont les cheveux courts,
La lune ceint son abat-jour
De brume pâle
Et le vent vole et le vent court
En tournoyant comme un vautour
Sous les étoiles.
Pourquoi mon coeur es-tu si lourd
Quand les bois ont les cheveux courts ?
Rivé aux cailloux de la cour
Le lierre étreint dans ses doigts gourds
Une hirondelle.
Entends-tu dans le petit jour,
Le gel affûter ses tambours
Et ses chandelles ?
Quand les bois ont les cheveux courts
Pourquoi mon coeur es-tu si lourd ?
PAUVRES CHAMPIGNONS – Pascale Pautrat et Jacqueline Salouadji (lu par Joachim)
Quand je vais dans la forêt
Je regarde les champignons
L’amanite elle a la grippe
La coulemelle n’est pas très, très belle
La morille est mangée de chenilles
Le bolet n’est pas frais, frais, frais
La girolle fait un peu la folle(…)
Moi, je préfère les champignons de Paris,
Eux, au moins, n’ont pas de maladies.
JE TE PROTÈGE – Régis Pontfort (lu par Noëmie)
Lorsque le crépuscule envahit mon atmosphère
Lorsque le vent de la haine souffle sur mon univers
Lorsque des vers de sang coulent sur ma lumière
Alors…
Je lève ma plume, de rimes et de chair
Gladiateur des lettres, je croise le fer
Pour atteindre mon équinoxe littéraire
Alors…
Je te protège, Liberté, pour te respirer
Je te protège, Liberté, pour t’embrasser
Je te protège… pour te sublimer !
LE MIROIR – Michel Cordebœuf (lu par Siloë)
Dans un miroir
Est né un oiseau
Un oiseau tout bleu
Avec des plumes vertes.
Un oiseau tout jaune
Avec des plumes rouges.
Un oiseau tout violet
Avec des plumes oranges.
Cet oiseau est né
Il est vrai
Dans le miroir d’une mare
Où l’arc en ciel prenait son bain.
PRINTEMPS QUI VIENT – Élodie Santos (lu par Joachim)
Printemps qui vient fleurir le temps
arrive un jour sans qu’on le voit venir
Printemps qui vient comme le vent
souffler sur l’hiver et le faire partir
Printemps qui vient renaître à nouveau
nous caresser la peau et nous faire sourire
Printemps qui vient avec la Douceur
accueillir le Soleil qu’on avait oublié
Printemps qui vient nous réchauffer
arroser les jardins, faire jaillir les fleurs
Printemps qui vient nous dire Je t’aime
Afin qu’on puisse tout recommencer
L’ÉCUREUIL ET LA FEUILLE – Maurice Carême (lu par Siloë)
Un écureuil, sur la bruyère,
Se lave avec de la lumière.
Une feuille morte descend,
Doucement portée par le vent .
Et le vent balance la feuille
Juste au dessus de l’écureuil;
Le vent attend, pour la poser,
Légèrement sur la bruyère,
Que l’écureuil soit remonté
Sur le chêne de la clairière
Où il aime à se balancer
Comme une feuille de lumière.
QUAND ON N’A QUE L’AMOUR – Jacques Brel (lu par Noëmie)
Quand on a que l’amour
A s’offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu’est notre grand amour
Quand on a que l’amour
Mon amour toi et moi
Pour qu’éclatent de joie
Chaque heure et chaque jour
Quand on a que l’amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d’y croire toujours
Quand on a que l’amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs
Quand on a que l’amour
Pour unique raison
Pour unique chanson
Et unique secours
Quand on a que l’amour
Pour habiller matin
Pauvres et malandrins
De manteaux de velours
Quand on a que l’amour
A offrir en prière
Pour les maux de la terre
En simple troubadour
Quand on a que l’amour
A offrir à ceux là
Dont l’unique combat
Est de chercher le jour
Quand on a que l’amour
Pour tracer un chemin
Et forcer le destin
A chaque carrefour
Quand on a que l’amour
Pour parler aux canons
Et rien qu’une chanson
Pour convaincre un tambour
Alors sans avoir rien
Que la force d’aimer
Nous aurons dans nos mains
Amis le monde entier
TRAVERSÉE SIDÉRALE – Georges Jean (lu par Joachim)
A cheval sur ma fusée
Partons pour les galaxies
Cueillir des fleurs étoilées
Dans les nocturnes prairies.
Adieu, les maisons, les prés
L’HLM et le verger !
A cheval sur ma fusée
Partons pour les nébuleuses
Cueillir des pommes dorées
Dans les régions ténébreuses.
Adieu, l’école et l’hiver
La rue, le chemin de fer !
A cheval sur ma fusée
Partons pour le fond du ciel
Cueillir la roue du soleil
Qui fabrique les années.
Adieu, les gens qui s’ennuient
Dans la peau couleur de suie !
A cheval sur ma fusée
Partons de l’autre côté
Cueillir des chansons nouvelles
Sur des arbres d’étincelles.
Adieu, les bruits, la poussière
Et les odeurs de la terre !
LIBERTÉ – Maurice Carême (lu par Noëmie)
Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin !
Partez dans le vent
Suivez votre rêve;
Partez à l’instant,
La jeunesse est brève !
Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens !
Ne regrettez pas
Ce que vous quittez
Regardez, là-bas,
L’horizon briller
Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
À ceux qui n’ont rien
LE COYOTE TAGUEUR – Yvon Danet (lu par Siloë)
Un coyote rageur
Sur un mur blanc taguait
Griffonnant sa rancœur
Contre un loup trop aisé
«C’est bien que je salisse,
Grommelait ce jaloux,
La trop belle bâtisse
De ce trop riche loup!»
Regagnant sa masure,
Il se trouva surpris
D’y trouver la peinture
D’un plus pauvre que lui.
Moralité
Si tu veux qu’on soit correct
Avec ce qui t’appartient
Il faudra que tu respectes
De tous les autres les biens
LIBERTÉ, J’ÉCRIS TON NOM (extraits) – Paul Éluard (lu par Noëmie)
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom
Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom […]
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom […]
POÉSIE DU POISSON D’AVRIL – Paul Géraldy (lu par Siloë)
J’ai vu 3 chats bleus, à la queue leu-leu
Marchant sur un fil …..Poisson d’avril !
J’ai vu un chameau faire du vélo
Tout autour d’une île…..Poisson d’avril !
J’ai vu un gros ver en hélicoptère
Traversant la ville…..Poisson d’avril !
J’ai vu une vache avec des moustaches
Et de très longs cils…..Poisson d’avril !
J’ai vu 10 corbeaux assis sur le dos
D’un vieux crocodile…..Poisson d’avril !
UN PEINTRE – Michel Beau (lu par Joachim)
Les blancs nuages
Dans le ciel bleu
Les bords sableux
Du blond rivage
Les rayons d’or
Le sombre orage
Le vert feuillage
Où l’oiseau dort.
La belle rose
Charmant décor
Où l’ombre encor’
Tremble et se pose.
Le ru d’argent
Vif ou morose
Qui court … arrose
Les prés changeants.
D’une main sûre
Depuis longtemps
Monsieur printemps
Peint la nature.
Emily Glory Sur 27 mars 2020 à 12 h 28 min
Formidable ! Merci beaucoup pour ce retour, Colette, je suis certaine qu’ils seront très heureux de savoir qu’ils vous ont inspirée et permis de partager en retour avec vos petits-enfants. Prenez soin de vous et merci encore pour votre message 🙂 .
ESNAULT Sur 27 mars 2020 à 12 h 25 min
Merci à Joachim, Noémie et Siloé pour ce divertissement plein de fraicheur. Bravo !
Grâce à vous, je vais envoyer quelques poésies à un de mes petits-enfants qui vit à Montréal : Raphaël. Sa maman ou son papa pourra lui lire car il ne lit pas encore mais il est passionné d’avions, d’espace, de galaxies, de fusées….Dans les parcs de Montréal il y a beaucoup d’écureuils, il adore leur courir après.
Je vais donc lui envoyer « L’avion », « Traversée sidérale », « L’écureuil et la feuille ».
Pour les autres petits-enfants qui habitent en France, je vais faire une autre sélection…
Très bonne journée à vous, votre maman et ceux qui ont préparé cette émission.
Colette.