Semaine 52
Ecoutez le podcast (30 min)
Lorsqu’on écoute Rothko parler de sa peinture, il insiste (car ce serait la prendre au pied de la lettre la première chose, la couleur, qui vient frapper la rétine, sa rareté, sa beauté, l’instabilité qui parfois entraîne l’impossibilité de la nommer avec précision) sur le piège que nous tend cette exercice virtuose de la polychromie.
Non, ce qui l’intéresse n’est pas la couleur comme telle, mais la lumière qu’elle offre, la luminosité qu’elle exerce en se confrontant les unes aux autres. Il s’agit comme pour l’existence d’un combat. En ce sens, la peinture de Rothko reprend et étend la tentative des peintres de la Renaissance italienne , de rendre par l’usage savant des couleurs et de la proximité qu’elles tissent entre elles, les effets de la lumière sur la surface colorée.
Mais là où Rothko opère un dépassement, c’est que la lumière qui jusqu’à lui restait, si on peut dire, à la surface de la toile, il la fait miroiter derrière la façade qu’est toute peinture, en un au-delà, bien en deçà, à l’arrière du plan.
C’est à une traversée personnelle, des affects éprouvés devant les toiles, l’écho qu’elles infusent que je vous invite pour cette dernière émission de l’année!
René CHABRIERE Sur 3 janvier 2024 à 19 h 44 min
sans doute, mais au-delà du ressenti, des sensations que l’on peut éprouver en voyant ces toiles surtout en « vrai », vu leur dimension – on ne peut se limiter à une perception rétinienne des couleurs, et de leur avancée – recul dans un espace… il ne faut pas occulter qu’il s’agit d’une recherche de peinture, et donc « technique », au sens le plus stricte du terme, par la superposition, confrontation des zones de couleur, qui fait « sens » avant de susciter le sens ( la sensation )
Geneviève Catta Sur 2 janvier 2024 à 20 h 00 min
Très belle alliance entre les mots de vos impressions et les extraits de musique; comme pour mieux éprouver la sensorialité des œuvres de Rothko dans la matière même de leurs couleurs. Dans leur silence aussi — ne disait-il pas que celui-ci est précis?
Grand plaisir d’écoute aux seules forces de la luminosité des œuvres de Rothko et de leurs visions — sonores et visuelles — qui restent imbriquées dans nos rétines longtemps après qu’elles se soient situées en nous. Et ce, sans l’abrutissant recours aux « visuels » des productions courantes.
Merci!