Tout est jazz dans l’œuvre de Jack Kerouac. Tension, relâchement, improvisation, son écriture est continuellement à la recherche de la spontanéité du jazzman, de l’emblématique saxophoniste qui lance son solo, souffle vital et poétique, sous les néons enfumés d’un club new-yorkai ou sur une plage de Californie face à l’océan Pacifique.
Le jazz, celui des années 50, 60 aux sonorités et aux rythmes nouveaux, n’a pas grand chose à voir avec l’image un peu lisse, sophistiquée et intellectuelle qu’il a aujourd’hui. D’un côté nous avons par les noirs américains marginalisés par la société, Louis Armstrong, Dizzie Gillespie, Charley Parker, Theleonius Monk, Billie Holliday De l’autre les musiciens d’origine juive comme Lee Konitz, Al Cohn, Benny Goodman, Stan Getz, Paul Desmond. Puis les déclassés, accros aux drogues, comme Art Pepper ou Chet Baker. Et enfin toute une foule de musiciens comme Lennie Tristano, Bill Evans, Zoot Sims, Serge Chaloff qui peinent à joindre les deux bouts et dont la renommé viendra presque toujours trop tard.
Jack Kerouac fait parti de cette famille, de cette marge remuante, insolente, paresseuse et hystérique, en quête d’une autre vie possible dans cette Amérique de l’après-guerre.
Pendant l’été 53, Jack Kerouac se lance dans l’écriture des Souterrains, son troisième roman publié après Sur la route et Visions de Cody. Il le boucle en trois jours et trois nuits sans lésiner sur la benzédrine. Quelques mois plus tard, à la demande de Ginsberg et Burrough, il explique dans un article qui paraîtra en 57, dans la revue Black Mountain Review, les Principes de sa prose spontanée. Principes d’une écriture qui s’inspire du jazz pour se libérer de tout langage normatif et révéler la poésie cachée du monde…
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