Parmi les romanciers, Kundera est sans doute celui pour qui la musique eut l’importance la plus considérable. Précisons tout de suite que ce n’est pas là une passion, un violon d’Ingres, en marge de son travail littéraire mais qu’elle s’inscrit au cœur même de son écriture. Mais si les musiciens sont parfois présents dans ses romans, ce n’est pas non plus comme thème, à l’image de Pascal Quiniard, que Kundera assimile la musique mais d’une manière nettement plus intériorisée, ontologique, trouvant dans ce qu’il nomme « la sagesse des musiciens », une vérité de l’expression, une vérité existentielle.
Pour ce survol inévitablement lacunaire de la relation entre Kundera et Janacek, je me suis appuyé, outre des sources radiophoniques, sur son essai, paru en 1993 : Les testaments trahis. Et à l’intérieur de cet essai sur la cinquième partie « à la recherche du temps perdu ». Il faut de nouveau m’expliquer. Kundera n’a pas écrit un éloge de Janacek, et ce n’est pas non plus l’analyse de son œuvre qui importe ici. Son rapport à Janacek est plus profond.
Ce qu’il met en lumière dans la musique de Janacek est du même ordre que le passage du vers poétique à la prose et de la prose scénarisée comme chez Balzac par exemple à la prose qui tente de saisir le concret du temps présent comme celle Joyces ou d’Hemingway.
Car c’est Hemingway qui est le point de départ de sa réflexion. Hemingway est une nouvelle de 5 pages à peine : Collines comme des éléphants blancs où l’auteur a saisi la vérité d’une conversation, la vérité d’un moment présent, chose que nous autres lecteurs et commentateurs avons du mal à accepter.
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