Pascal Quignard et le baroque

Une gravité joyeuse

Le fait est connu. Si Pascal Quignard n’était pas devenu écrivain, sans doute serait-il devenu musicien. Un musicien sérieux, comme l’est son œuvre qui comporte romans, essais et la longue suite inclassable des Ombres errantes.

Ce sérieux dont je parle n’est en rien synonyme d’ennuyeux, de triste, de sévère ou encore de doctoral – même si parfois ce danger le guette. Il s’agirait plutôt de gravité, de gravité dans les deux sens du mot. Au sens physique : une pesanteur qui donnerait aux choses un poids, une densité. Et au sens moral : une perspective qui apporterait une importance et une profondeur aux idées.

Ce sérieux pourrait également être une attitude plus éthique. Pascal Quignard prend la vie au sérieux. Sa voix, son chant, se déploie avec lenteur. Il ne s’attarde pas à la surface des choses. Jamais bavard, son terrain d’exploration est l’intériorité et parfois même transcendance.

Cette gravité est aussi la marque de la musique baroque. Une musique qui dépasse les catégories triste/joyeux. Quand elle est enlevée, sémillante, cette musique du XVII conserve sa pesanteur. Quand elle devient lente et plus sourde c’est moins vers l’émotion qu’elle se déploie que vers la méditation.

Le film sort la même année que le livre

La rencontre de M. de Sainte Colombe et de Marin Marais

Pascal Quignard est l’auteur du bref roman : Tout les matins du monde, paru en 1991 qui s’inspire de la vie de Monsieur de Sainte-Colombe et de Marin Marais, deux grands musiciens et joueur de viole. La même année (ne me demandez pas comment cela est possible) sort le film du même nom, réalisé par Alain Corneau qui reçoit le César du meilleur film et du meilleur acteur. Le casting est de la même qualité que la bande original signée par Jordi Savall. Le grand public découvre alors la musique de Sainte-Colombe, de Marin Marais, de Couperin, de Lully.

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